La première, est un faux billet "prix d'excellence" décerné à l'élève Duc ! En se remettant dans le contexte de l'époque, il n'est pas équivoque que ce "Duc", soit plutôt un "Baron", et même le Baron Hausmann.
On sait que Robida regrette un peu cette modernisation architecturale de Paris, même si c'est inéluctable. La disparition de ces demeures moyenâgeuses est un véritable crève-coeur pour lui, on l'imagine !
D'ailleurs, il ne goutte pas vraiment cette nouvelle architecture qu'il qualifie de "confiserie artistique", comme on peut le constater dans la seconde illustration!
Demandez ! faites-vous servir ! tout à vingt-neuf sous ! des cages à sereins, des moules à gaufres, des salières moyen-âge..., tout à vingt-neuf sous !
Vingt-neuf sous ? autant dire que ces architectures ne valent rien ! Albert Robida jette son dévolu sur cinq de ces nouvelles constructions, et nous présente le Grand Bazar de l'Architecture.
On commence le tir par le Palais de Justice qui ressemblerait assez à un stand de foire : "A tout coup l'on gagne" - "Gagnez des macarons"... en 1869, les grands chantiers d'agrandissement du Palais de Justice touchent à leur fin (avant de partir en fumée dans l'incendie du 24 mai 1871). On reconnaît quand même sur le dessin d'Albert Robida, l'adjonction de la Sainte-Chapelle, qu'il ne peut écorcher, connaissant ses goûts.
Sous le panneau du "Grand Bazar de l'Architecture, on reconnaît, ou pas, l'église Saint-Germain l'Auxerrois (place du Louvre). Cette fois, ce sont la maison de l'Empereur et le ministre d'Etat qui demandent à Haussmann de détruire cette église. Cependant, en tant que protestant, le baron ne veut pas qu'on lui reproche d'avoir ordonné la démolition d'un bâtiment aussi symbolique dans lequel avait été donné le signal du massacre de la Saint-Barthélémy. Il développe alors un projet pour équilibrer le tout : il demande à l'architecte Jacques Hittorff de construire un bâtiment s'inspirant de l'édifice religieux pour abriter la mairie du 1er arrondissement. Hittorff reproduit alors presque à l'identique la façade principale de l'église (un porche surmonté d'une rosace) qu'il flanque de constructions semblables aux immeubles de cette époque. Entre les deux, Théodore Ballu, Prix de Rome en 1840, fait construire un campanile (ou beffroi) de style gothique flamboyant relié de part et d'autre aux deux édifices par deux portes du même style donnant accès à un square séparant les deux monuments.
Cet ensemble architectural sera édifié entre 1858 et 1863...
Albert Robida n'est-il pas adepte de la symétrie ? ou ne prise-t-il pas ce genre de bricolage et d'ajout ? toujours est-il qu'il nous offre une belle salière-poivrière, pratique, que l'on peut saisir par le campanile !
Puis sur la droite du dessin, la fameuse cage à sereins ! C'est le Tribunal de commerce de Paris.
Construit entre 1860 à 1865, sur les plans de l'architecte Antoine-Nicolas Bailly (1810-1892), sous ordre de l'empereur Napoléon III. C'est sûr, la ressemblance est bien présente, mais Albert Robida, facétieux, "cherche la petite bête", cette construction est loin d'être la seule avec ce type d'architecture... alors ? on aime, ou on aime pas ?
Au tour de l'église de la Sainte-Trinité, Place d'Estienne d'Orves, construite de 1861 à 1867 (décision du baron Haussmann dans le cadre des transformations de Paris sous le Second Empire voulues par l'empereur Napoléon III). La version de Robida pourrait nous faire penser à une sorte de pièce montée, une confiserie artistique, toute dégoulinante !
Pour réellement la juger, il faudrait se remettre dans le contexte de l'époque... il est vrai que le style est assez étrange, ou plutôt les styles ! Même si elle s'inspire largement de la renaissance italienne, certains détails peuvent paraître baroque, et même orientaux... pas toujours définissable. Albert Robida a du faire un constat similaire.
Qu'importe, elle est toujours appréciée aujoud'hui, avec ses 65 mètres de hauteur, conçue pour être vue depuis l'Opéra de Paris... avec lequel nous allons terminer.
Dernière étape dans notre balade aussi Robidesque qu'architecturale... avec un dernier bâtiment qui reçoit l'ultime coup de plumeau ! un message pour nous faire comprendre que l'édifice n'est toujours pas terminé ?
En tout cas, on reconnaît bien les formes de cette autre confiserie artistique, sur laquelle on peut lire : "Confiture de Groseille" sur la toiture, "Confiserie Artistique Maison Garnier", "Angélique Superfine", "Sucre de Pomme" et "Nougat"...
La construction de l'Opéra de Paris a été décidée par l'Empereur Napoléon III le 15 janvier 1858, il déclare le projet comme étant d'utilité publique par arrêté impérial daté du 29 septembre 1860.
L'emplacement est proposé par le Baron Haussmann, la pose de la première pierre a lieu en 1862, soit un an après le début des travaux en 1861.
Une première inauguration (provisoire) a lieu le 15 août 1867 (pour l'Exposition de 1867).
L'Opéra de Paris, n'est donc pas terminé lorsque Robida nous le présente. Il faut dire, il y aura eu des déboires en tout genre avec cet Opéra, du concours aux financements, en passant par les retards de la construction, les dépassements de budget, mais aussi le conflit avec la Prusse... toujours est-il que l'Opéra de Paris ne sera inauguré officiellement qu'en 1875. Napoléon III n'aura pas pu en profiter, il est mort deux ans plus tôt en exil.
Un dernier détail du dessin nous interpelle ! mais qui sont tous ces insectes qui virevoltent autour de l'Opéra de Paris ?... attirés par le sucre ? mais oui mais c'est bien sûr !!! c'est le tout Paris qui se presse, attirés comme des mouches !
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