Affichage des articles dont le libellé est exposition 1878. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est exposition 1878. Afficher tous les articles

vendredi 2 avril 2021

Albert Robida à Monaco - Artifices instables

Du 18 septembre 2020 au 21 février 2021 se déroulait une exposition à Monaco "Artifices Instables - Histoires de céramiques" à la villa Sauber, organisée par le Nouveau Musée National de Monaco.

On retrouve avec beaucoup de plaisir une planche dessinée par Albert Robida dans La Vie Parisienne n°37 du 14 septembre 1878, où le pavillon de Monaco à l'Exposition universelle de 1878 à Paris, y est décrit par le texte et surtout par l'image. Comme on peut l'imaginer, les céramiques monégasques y eurent beaucoup de succès.

Cette planche de Robida est reproduite dans le livre édité par 'Mousse Publishing' à l'issue de l'exposition (sorti en janvier 2021), en page 241. Elle illustre avec justesse l'article proposé par Agnès Roux, Artiste à media multiples  (Présidente et Fondatrice du Logoscope - Laboratoire de recherche artistique à media multiples Professeur de video et dispositifs à l’Ecole Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco)










https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=8523&menu=0


Cette planche avait été présentée dans ce blog en 2013 :

https://albert-robida.blogspot.com/2013/06/le-pavillon-de-la-principaute-de-monaco.html

mercredi 23 octobre 2013

Bientôt l'Exposition de 1878 à Paris...

Dans quelques jours, c'est l'ouverture de la grande Exposition universelle de 1878 à Paris, et comme c'est déjà une habitude prise depuis les premières, il y aura du retard, et même beaucoup de retard pour certains pavillons et exposants. Albert Robida, qui s'intéressent de près à ces événements s'en fait bien évidemment l'écho, en dessins et en textes, dans la Vie Parisienne du 4 mai 1878...

Le Petit Lever de l'EXPOSITION


Elle est en retard. Elle n'a pas terminé sa toilette, elle est encore en chemise. Mais un peuple de serviteurs s'empresse autour d'elle. Les charpentiers et les zingueurs lui servent de coiffeuses, les maçons la chaussent, les menuisiers, les fondeurs et les verriers sont ses couturières et vont bientôt lui passer sa robe. Elle a tenue à recevoir de bonne heure, de trop bonne heure, et ses invitées sont arrivées, surprises qu'elle ne soit pas prête, mais, après tout, assez émerveillées des splendeurs que promet déjà son négligé.

Elles s'impatientent : la pauvre turquie, quoique écloppée, est venue cahin-caha, le bras en écharpe, regrettant ses Mille et une Nuits, et s'appuyant sur la Russie passablement engraissée, même un peu bouffie. L'aimable Autriche-Hongrie, une pelisse de hussard sur le dos, une tyrolienne dans le gosier, est là avec sa tendre et gaie bonhomie. Elles y sont toutes, la petite Japon, avec sa robe à ramages, son gros pouf sur les reins, ses grandes épingles dans le chignon, son écran et sa théière; la Perse cérémonieuse, aux yeux peints, hanchant dans son pantalon, et pleine de désinvolture, comme un jeune danseur barde; l'Angleterre sirène casquée, cuirassée, un armstrong de cent tonnes sous le bras en guise d'ombrelle; la castagnettante Espagne, qui tape du tambourin et arbore la cuillère d'ivoire à son chapeau d'estudiantine; l'Italie, brune pifferaresse au chapeau pointu que nouent des rubans de macaroni.

Elles attendent, car, elles, c'est surtout au déballage qu'elles comptent avoir du succès.

D'un autre côté, ce petit lever de l'Exposition n'est pas sans avoir ses agréments et presque ses avantages. Actuellement, tous les genres de sport et tous les gymnases réunis ne sauraient rivaliser avec l'Exposition au salutaire point de vue des exercices du corps. Gravir et franchir le Mont-Blanc n'est rien auprès des escalades que demandent ces Alpes de colis. Gare ! est la devise de l'endroit. Qui sait si tant de pèlerins intrèpides, avides de sonder d'avance les merveilles qui sortiront des boîtes, ne regretteront pas plus tard ces instants agités, aventureux, qu'ils passent dans les échelles, les auges, les caisses, les planches, les barres, les cordes, les grues, les bannes, les échafaudages, sous une pluie de carreaux qui se cassent, de marteaux qui tombent, de lattes qui dégringolent, culbutés par les porteurs de n'importe quoi, rejetés sous les roues d'un wagon, renvoyés vers des engrenages qui grincent des dents, repoussés vers des foyers enflammés acculés contre des trappes, collés au mur par une vitrine qui passe, cognés par une poutre qui surgit du coin d'un couloir ! - Mais des merveilles on en aura et à pleines mains. Quand les boîtes vont être ouvertes, il en sortira tout à coup des tasses de Chine, des cloisonnés et des faïences du Japon, des soieries brochées, des dentelles, des peaux tannées, des lustres en cristal, des cartes de géographie, des coupes de Minton, des vases de Sèvres, du tabac en feuilles, des piles de cotonnades, des briques, de statues, des veilleuses en fer blanc, des toiles cirées, des singes automates jouant du violon, des pianos hydrauliques, des paires de lunettes, des bouteilles d'eau de Cologne, des tapisseries des Gobelins, des mèches et des verres de lampes, des toiles hydrofuges, des fleurs en papier et des portraits historiques.

mercredi 5 juin 2013

Le Pavillon de la Principauté de Monaco... à l'Exposition universelle de Paris 1878

...par Albert Robida



Rien de plus charmant que ce pavillon : il fait grand honneur à M. Ernest Janty, un jeune architecte de beaucoup de mérite, qui a fait preuve d'une entente de la décoration, assez rare chez nos modernes constructeurs.
C'est un coin de l'Eden monégasque transporté en plein Champ-de-Mars, et auquel il ne manque que l'azur de la Méditerranée pour que l'illusion soit complète.
Sous les palmiers de Monte-Carlo, balançant leurs sveltes panaches, au milieu des agaves en fleurs, des aloès et des cactus, se presse la foule des mondaines habituées de Monaco.

Un doux murmure nous invite à pénétrer dans le pavillon, c'est une fontaine jaillissante dont les gerbes vont caresser le feuillage d'un superbe palmier éventail.
Là, sont disposés avec un goût parfait des produits charmants comme leur pays d'origine.
Ce sont des poteries d'un genre original et gai, où la fantaisie de l'artiste sait rappeler avec esprit la flore du pays. Puis, des ivoires curieusement travaillés, témoin cette belle glace où plus d'un gracieux visage s'est déjà miré ; des mosaïques exquises et mille objets de tabletterie plus ravissants les uns que les autres.
Bertall et Monselet se sont fait céramistes pour la circonstance. Celui-ci s'en est tiré avec deux quatrains qui ont couru tout Paris, celui-là avec des fantaisies où il a mis tout l'esprit qu'on lui connaît.
Un peu plus loin, sur des étagères, brillent des flacons qui emprisonnent dans leurs flancs de cristal le parfum des fleurs de Ligurie ; et Dieu sait ce qu'il en a répandu sur cette terre ensoleillée ! Le laboratoire de Monte-Carlo a dérobé au Créateur quelques-uns de ses secrets, et, dédaignant les tricheries de la science contemporaine qui tire ses essences de la houille et d'origines encore moins pures, c'est à la fleur même de l'oranger qu'il a pris le parfum d'une eau de Cologne, sans rivale au monde.
La rose, la verveine, le cassie, la tubéreuse, la modeste violette elle-même, et bien d'autres que j'oublie on dû céder leur parfum aux chimistes monégasques, pour le plus grand plaisir de la plus belle moitié du genre humain.
Puis, ç'a a été le tour de la moins belle moitié, qui se délecte à déguster les liqueurs de Monaco, qui valent bien celles de la Martinique et qu'on a sous la main.
Mais, me dira-t-on, qui a su créer ces merveilles sur le rocher naguère aride de Monte-Carlo ? Pas un écho qui ne réponde à Monaco par le nom vénéré de Mme Marie Blanc, la fée bienfaisante à qui tout une population doit l'aisance et le bonheur fondés sur le travail.

La Vie Parisienne, 14 septembre 1878.

Pavillon de Monaco - Photo Gaston Lucq