mercredi 8 août 2018

Le Vieux Paris de Robida... dans le Transcontinental !

Voilà un titre d'article qui pourrait surprendre...

Vous connaissez bien sûr le Vieux Paris qu'Albert Robida avait reconstitué sur les berges de la Seine lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris.
Comme on peut l'imaginer (et le prouver), les journaux de l'époque se sont fait l'écho de l'événement à venir - l'Exposition de 1900 - et bien sûr, de ce "clou" de l'Expo que fut le Vieux Paris.

Lorsque nous avons travaillé en 2008-2009 sur le projet de restitution en images de synthèse 3D de ce Vieux Paris, nous avons eu l'honneur de consulter les archives du Musée Antoine Vivenel de Compiègne. Ces archives, sans être ni exceptionnelles ni pléthoriques, constituèrent néanmoins un bon complément à toutes les autres recherches effectuées, notamment auprès de collections privées.

Dans la masse des documents photographiés, il s'en trouve un de moindre importance que je ressort seulement maintenant. Il s'agit de la double-page d'un journal semble-t-il, car celle-ci est orpheline du restant, mais également déchirée, tâchée, bref, dans un état catastrophique.

Nous venons donc de nous décider à restaurer numériquement ce document qui présente 11 vues du Vieux Paris, lors de sa construction. Le document étant exempt de date, on peut supposer, vu l'état d'avancement des travaux du Vieux Paris, que nous sommes dans les premiers mois de 1900.

La double-page du journal... dans son jus !


Ces photos ne sont pas d'un intérêt capital, surtout pour le projet de restitution, mais cependant, elles proposent des états de construction intéressants, ainsi que des cadrages qui ne sont pas forcément courants.

Comme je le disais précédemment, point de date sur le document, ni même le nom du journal dont cette double-page est extraite ! Seul une indication en bas à droite, au crayon de mine : Le Transcontinental.
Nous avons pourtant fait le tour des parutions de ces années-là, sans jamais avoir croisé celui-là... étonnant !
Recherches faites, il s'agirait d'un journal international hebdomadaire illustré provenant de Belgique, et qui n'aurait publié que de 1899 à 1900 ! Ceci explique qu'il ne soit pas vraiment connu.

La double-page retouchée. La qualité reste bien sûr perfectible, les outrages du temps sont là, mais la piètre qualité du papier et du tirage sont loin d'améliorer l'état global du document.


Voici ci-dessous reprises séparément, chaque photo prises au Vieux Paris, avec leur légende respective, et un éventuel commentaire de notre part.

 1. L'église Saint-Julien des Ménestriers... presque totalement terminée. Au sol, ce sont les balustrades en cours de fabrication, qui seront installées au bord du Vieux Paris pour éviter aux visiteurs d'aller prendre un bain dans la Seine.
Le clocher de l'église ne devait bien apparaître sur le cliché de l'époque, il a donc été redessiné sur la photo avant impression. Les retouches photo ne datent pas d'hier !!


2.  L'Auberge des Nations, nous sommes presque à la sortie aval du Vieux Paris.
Des échafaudages sont visibles devant ce qui sera la reconstitution du Palais de la Cité.


3. La Sainte-Chapelle.
En fait, on n'en voit pas grand chose, puisqu'ici sont les décorations de l'escalier y menant.


4. Le Pont au Change et le Châtelet.
Le Châtelet se trouve en fait dans le dos du photographe. En face, on reconnait le grand corps du Palais de la Cité.

5. La Tour de l'Archevêché. 
Voilà une vue assez rare, qu'il n'a été possible de prendre que pendant les travaux. Le photographe est en dehors du Vieux Paris, sur la rampe en construction qui mène de la sortie aval du Vieux Paris, en direction de la passerelle Debilly, construite pour l'Exposition de 1900.
Cette passerelle permettait de créer un raccourci pour aller du Vieux Paris à la rive gauche en direction du Quai d'Orsay et des palais du Champ de Mars.


6. L'entrée du Vieux Paris.
On accédait au Vieux Paris par la grandiose Porte St Michel, au XIVe siècle de cette reconstitution. On constate que cette entrée est encore en construction. On imagine les guichets sur la droite, et en bas à gauche, la station des bateaux omnibus.
Derrière la porte, on découvre la silhouette de la Tour du Louvre. A y regarder de plus près, cette tour devait être "ratée" sur la photo, c'est donc une silhouette dessinée qui se trouve reproduite ici.
Dans le dos du photographe se trouve le Pont de l'Alma.


7. L'ensemble du Vieux Paris, près du Pont de l'Alma.
Tellement près du pont, que le photographe s'y est installé pour prendre la photo !


 8. La Tour du Châtelet.
Le photographe se trouve sur la passerelle de sortie des Grandes Halles du Vieux Paris
(servant de salle de spectacle à l'Expo).
La Tour du Châtelet est presque terminée, il ne manque que le gros horloge... sur la droite, on aperçoit la ruelle de la Foire St-Laurent.
Encore une fois, le clocher semble avoir été redessiné ! ou copieusement retouché !!


 9. La Maison de Molière.
En fait, la maison de Jean-Baptiste Poquelin (le pavillon des singes), n'est pas visible sur cette vue. La localisation est certes bonne, nous sommes bien dans la Rue des Vieilles Ecoles, mais nous nous trouvons devant l'escalier du Cabaret de la Pomme de Pin, qui nous cache littéralement les constructions alignées derrière.
On note que cette photo a été particulièrement retouchée et augmentée. A gauche de l'escalier, un dessin nous offre un aspect du cabaret plus qu'approximatif. A l'arrière-plan, pas de doute possible, la Tour du Louvre est bien un dessin ajouté à la photo.


 10. Le portail de l'Eglise Saint-Julien des Ménestriers.
Les travaux sont pratiquement achevés. Il ne manque que l'horloge qui trouvera sa place en partie gauche du pignon. 
Le gros tas de caillou en premier plan n'est autre qu'un tas de pavés qui seront installés au sol, sur les planchers du Vieux Paris, au trois-quarts construit sur pilotis au-dessus de la Seine.


11. Le Pilori de St-Germain-des-Près.
On note un angle peu courant sur ce cliché. Le photographe est à la sortie de la Rue des Vieilles Ecoles, qui donne sur la Place St Julien.
L'église est à gauche, le cabaret de la Pomme de Pin est à droite.
En face de nous, longeant le Pilori, le grand escalier emmène les visiteurs vers les Halles de Paris, et la grande salle de Théâtre pouvant contenir plus de 1100 spectateurs.

Ainsi s'achève cette petite visite du Vieux Paris d'Albert Robida à l'Exposition universelle de 1900 à Paris, orchestrée, une fois n'est pas coutume, par un journal en provenance de Belgique !

A bientôt.
Laurent

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