lundi 5 mars 2018

Le Locomotionisme... Le Rire, en 1896

Dans ses récits d'anticipation, Albert Robida prophétise rapidement les progrès techniques de tous types, comme ceux de la locomotion en général.
En 1896, soit trois années avant qu'il n'illustre La Fin du Cheval de Giffard, on le surprend à s'amuser à dessiner Le Locomotionisme dans Le Rire n°111 du 19 décembre 1896 !

On pourrait se demander ce qu'est réellement ce locomotionisme si on ne connaissait pas Robida comme nous le pratiquons depuis déjà longtemps. Nul doute que les progrès de la locomotion en général, avec les chemins de fer qui ne cessent de s'améliorer et de réduire les temps pour rejoindre une ville à une autre, les progrès des vélocipèdes en tous genres, et bien sûr ceux des premières automobiles !
On peut s'imaginer que ces avancées à la pointe de la technique pour l'époque, sont suivies avec beaucoup d'intérêt par tous, et certainement relayés bruyamment par les médias de l'époque. En un mot ou plutôt en une phrase : "Tout le monde en parle !".

Alors, est-ce que cela énerve un peu Albert Robida ? Difficile de le dire. Il sait le progrès en marche, et inéluctable, alors on peut penser que comme à l'accoutumée, il suit cela en fin observateur amusé par tout ce remue-ménage !

Pour en revenir à ce numéro dans lequel il va sévir copieusement, il aborde le Locomotionisme ambiant, en long, en large, et en travers.
Si le beau visuel couleur de la couverture est loin d'être équivoque - car c'est du Robida pur jus - il passe en revue sur quatre pleines pages intérieures, à la fois la locomotion des origines jusqu'à notre époque moderne, et celle de demain, dans une grande débauche d'idées aussi imaginatives que drôles.

Le lecteur de l'époque devait s'en donner à cœur joie... et se tenir les côtes !

Quant au style du dessin, Robida reste fidèle à lui-même, et à ces types de dessins de presse. On regrette juste que la qualité de la gravure, de l'impression et du papier, ne soit pas forcément à la hauteur des illustrations. Mais, il est vrai que ce n'est qu'un journal... et sorti il y a 122 ans !

La composition des pages intérieures nous rappellent celle que Robida utilise dans La Caricature par exemple. Ce sont de multiples petits dessins commentés, parsemés sur une pleine page, voire deux ! Pour une question de clarté, j'ai isolé ici chaque dessin et ajouter en-dessous la légende.

Sans plus attendre, partons ensemble à la découverte de ce numéro :

LE LOCOMOTIONISME
(1ère partie : depuis les origines...)


Le moteur à voile
Economie, sécurité, propreté. Pas d'explosions possibles. Le pétrole, l'électricité, la vapeur ont leurs inconvénients, nous comptons à la prochaine course Paris-Marseille montrer triomphalement les avantages de notre moteur.

Le premier moteur
Voilà soixante mille ans que l'homme cherche ! Aux temps préhistoriques, les moyens de communication n'abondaient pas, chacun sait çà, l'homme a commencé par l'automobilisme le plus pur. On avait du jarret en ce temps-là !

Le char antique
Invention des fiacres. Ils allaient assez bien alors, mais, avec le temps, leur allure s'est ralentie. Les savants prétendent que l'antiquité a connu la bicyclette; on vient de découvrir à Pompéi, sur un fragment de muraille, un dessin griffonné qui ne laisse aucun doute. Mais les Barbares vinrent, et il fallut attendre une quinzaine de siècles pour réinventer la pédale.

Le Cheval et la première Amazone
Chose curieuse, en tant de siècles, ce genre de moteur n'a fait aucun progrès sérieux. On montait déjà à cheval au temps d'Homère, comme on le monte aujourd'hui.

Quatre boeufs attelés d'un pas tranquille et lent promenaient dans Paris le monarque indolent.
Voiture de gala mérovingienne. Sa majesté Chilpéric II passant sur le boulevard.
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Voiture moyen âge - Omnibus de famille
Commencement de progrès, après les siècles de barbarie; mais les gens pressés devaient continuer à se servir de l'ancien moteur des temps préhistoriques.

Un carosse sous le Grand Roy
Lenteur majestueuse, grand air, suprême distinction de l'attelage, caisse de première grandeur, les gens du grand siècle aimaient leurs aises.

La Chaise à porteurs
Invention excellente et qui rendit de grands services. L'ennuyeux c'était quand les porteurs n'étaient pas d'accord sur le chemin à suivre.

Omnibus Louis XIV
Le grand Pascal lui-même invente le premier omnibus. Cela s'appelle le carrosse à cinq sous, mais les gens continuent à aller à pied.
La Vinaigrette
On essayait déjà de se passer de cheval, mais l'homme avait beau avoir très chaud, il ne pensait pas encore à la vapeur.

La Diligence - Messageries Laffitte et Caillard
Le progrès ! On ne mettait pas plus de huit jours pour aller à Bordeaux, si l'ont avait soin de pousser à la roue aux côtés à monter pour éviter les pertes de temps.
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Le chemin de fer
Enfin voici le train-éclair ! Pour commencer, il ne met que 35 minutes de Paris à Asnières, mais il va se rattraper vite et dévorer vertigineusement des kilomètres.


Quelques aventureux essaient de la navigation aérienne qui a l'avantage de ne pas fatiguer l'administration des ponts et chaussées. Il n'y a pas de côtes ) monter et, cependant, on trouve bien es hauts et des bas dans ce genre de locomotion qui semble encore ne convenir qu'aux amateurs d'émotions fortes.

Le Traineau
Avec de la neige dessous et des loups derrière, cela va comme sur des roulettes. Sur le macadam ou même le pavé de bois, cela ne vaut pas le fiacre.

Moteurs exotiques
Usités seulement dans les pays du tropique, où le pétrole est rare et où la bicyclette des régions septentrionales s'acclimate difficilement.

A SUIVRE...
(partie n°2 - La locomotion d'aujourd'hui et de demain... par Albert Robida)

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