mercredi 5 juin 2013

Le Pavillon de la Principauté de Monaco... à l'Exposition universelle de Paris 1878

...par Albert Robida



Rien de plus charmant que ce pavillon : il fait grand honneur à M. Ernest Janty, un jeune architecte de beaucoup de mérite, qui a fait preuve d'une entente de la décoration, assez rare chez nos modernes constructeurs.
C'est un coin de l'Eden monégasque transporté en plein Champ-de-Mars, et auquel il ne manque que l'azur de la Méditerranée pour que l'illusion soit complète.
Sous les palmiers de Monte-Carlo, balançant leurs sveltes panaches, au milieu des agaves en fleurs, des aloès et des cactus, se presse la foule des mondaines habituées de Monaco.

Un doux murmure nous invite à pénétrer dans le pavillon, c'est une fontaine jaillissante dont les gerbes vont caresser le feuillage d'un superbe palmier éventail.
Là, sont disposés avec un goût parfait des produits charmants comme leur pays d'origine.
Ce sont des poteries d'un genre original et gai, où la fantaisie de l'artiste sait rappeler avec esprit la flore du pays. Puis, des ivoires curieusement travaillés, témoin cette belle glace où plus d'un gracieux visage s'est déjà miré ; des mosaïques exquises et mille objets de tabletterie plus ravissants les uns que les autres.
Bertall et Monselet se sont fait céramistes pour la circonstance. Celui-ci s'en est tiré avec deux quatrains qui ont couru tout Paris, celui-là avec des fantaisies où il a mis tout l'esprit qu'on lui connaît.
Un peu plus loin, sur des étagères, brillent des flacons qui emprisonnent dans leurs flancs de cristal le parfum des fleurs de Ligurie ; et Dieu sait ce qu'il en a répandu sur cette terre ensoleillée ! Le laboratoire de Monte-Carlo a dérobé au Créateur quelques-uns de ses secrets, et, dédaignant les tricheries de la science contemporaine qui tire ses essences de la houille et d'origines encore moins pures, c'est à la fleur même de l'oranger qu'il a pris le parfum d'une eau de Cologne, sans rivale au monde.
La rose, la verveine, le cassie, la tubéreuse, la modeste violette elle-même, et bien d'autres que j'oublie on dû céder leur parfum aux chimistes monégasques, pour le plus grand plaisir de la plus belle moitié du genre humain.
Puis, ç'a a été le tour de la moins belle moitié, qui se délecte à déguster les liqueurs de Monaco, qui valent bien celles de la Martinique et qu'on a sous la main.
Mais, me dira-t-on, qui a su créer ces merveilles sur le rocher naguère aride de Monte-Carlo ? Pas un écho qui ne réponde à Monaco par le nom vénéré de Mme Marie Blanc, la fée bienfaisante à qui tout une population doit l'aisance et le bonheur fondés sur le travail.

La Vie Parisienne, 14 septembre 1878.

Pavillon de Monaco - Photo Gaston Lucq



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