Albert Robida s'est toujours intéressé aux Expositions universelles, par goût, par choix ou à cause de l'actualité ? toujours est-il qu'on le retrouve associé d'une manière ou d'une autre à ces événements.
La première fois, il est encore tout jeune, il n'a que 19 ans et illustre le démontage de la seconde Exposition universelle à Paris dans le Journal Amusant du 9 novembre 1867.
Pour la troisième Exposition universelle à Paris, en 1878, je n'ai pour le moment pas la moindre trace d'une illustration, mais cela ne veut pas dire qu'Albert Robida n'est rien commis à cette occasion. Il devait être terriblement occupé par ailleurs, c'est l'époque où il voyage beaucoup pour la série d'ouvrages sur les Vieilles Villes (L'Italie est publiée en 1878...).
En 1889, on sait qu'il visite l'Exposition de Paris, il est très impressionné par la reconstitution de la Bastille et du quartier Saint-Antoine. C'est certainement lors de cette visite que germe l'idée de reconstituer un jour un Vieux Paris.
En 1894, il visite l'Exposition d'Anvers, et encore une fois, c'est la reconstitution du Vieil Anvers qui marque son esprit.
En 1896, c'est au tour de l'Exposition universelle et coloniale de Rouen d'avoir la visite d'Albert Robida, et à nouveau, une reconstitution de vieille est encore présente. C'est l'oeuvre d'un collègue et ami, Jules Adeline ! Encore une belle source d'inspiration pour notre homme.
En 1900, pour l'Exposition du Siècle, nous le savons tous, Albert Robida était bien présent, avec cette reconstitution magistrale du Vieux Paris sur le Quai Debilly... il aurait même pu nous "pondre" une Exposition universelle complète, comme l'atteste le projet qu'il présente dans le Monde Moderne de janvier 1896.
A noter que la qualité de cette réalisation médiévale tient beaucoup aux visites de ces reconstitutions dans des Expositions précédentes, en effet, Albert Robida avait noté que ce n'était en général que des décors de théâtre améliorés. Pour cette raison, il a voulu un Vieux Paris beaucoup plus réaliste et crédible... en évitant les "fausses notes".
Mais revenons à celle qui nous intéresse aujourd'hui, l'Exposition du centenaire, l'Exposition universelle de 1889... grâce à une illustration magistrale, parue en double-page dans la Vie Parisienne n°19 du 11 mai 1889 : "Demandez, l'inauguration officielle de la Tour !"
(Cliquer sur l'image pour une meilleure résolution)
Sur la gauche...
Le triomphateur : M. Eiffel reçoit la grande croix de Saint-André. Les commandes affluent ; pour utiliser le stock de cuivre, il doit élever une tour de 600 mètres sur l'emplacement du Comptoir. M. de R. se commande une tour de 1200 mètres en nickel, pour mettre dans son jardin ; enfin M. Ménier fait étudier les plans d'une tour non moins babelienne en chocolat.
Deux heures et demie.
Débarquement du général Boulanger. Il avait promis d'ouvrir l'Exposition, il l'a ouverte ! Au moment où le président et ses ministres débouchaient de l'escalier en tire-bouchon de la tour, un ballon surgit brusquement des nuages et s'accrocha au campanile. C'est LUI ! Le général sur son coursier noir cabré au sommet de la tour, lançant aux masses sa proclamation d'ouvertue...
Trois heures et demie.
Le ministre civil de la guerre, jugeant la situation grave, appelle à la rescousse l'épée perforatrice du terrible Floquet.
Trois heures quarante.
M. Jaluzot est surpris au pied de la tour, en train de scier un des montants pour se venger de la perte des reproductions. On frémit quand on songe à la catastrophe empêchée par la vigilance des gardes !
Sur la droite...
Deux heures et demie.
Rochefort, resté dans le ballon maintient les communications avec l’Angleterre. Sur le ballon du campanile, les fidèles de l'état-major : Naquet, Laguerre, Arthur Meyer, Laisant et autres croisent le parapluie et maintiennent à distance les inaugurateurs officiels. Exposé aux coups des deux parties, Chincholle prend des notes.
Deux heures trois quarts.
Le président Carnot et ses ministres se précipitent à l'assaut. M. Carnot, soulevé, porté, s'accroche aux barres de fer et déploie un noble courage...
Trois heures.
M. Quesnay de Beaurepaire et quelques membres de la haute cour grimpent à la haute tour pour faire subir un interrogatoire au général...
Trois heures et quart.
M. Emile Zola, président des naturalistes, convertis au boulangisme, suit Lucie Herpin pour lui faire un mauvais parti.
Trois heures et demie.
Arrivée des dames boulangistes...
Quatre heures.
M. Paul Deroulède escalade la tour à la tête d'une bande farouche de gymnastes patriotes armés de leurs haltères. Pendant ce temps M. Madier de Montjau, questeur, élabore un projet d'installation de la Chambre sur la grande plate-forme qui réunit les meilleurs conditions de tranquillité et d'inaccessibilité. A ces hauteurs le tapage législatif n'incommodera personne, et les députés vont pouvoir se voter une prolongation de pouvoirs de quinze années.
En bas...
M. Meissonnier prend des esquisses pour exécuter, en grandeur naturelle, une vue de la tour avec la cérémonie d'inauguration.
Passionnant !
RépondreSupprimerB.